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Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/265

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déjà le mérite considérable d’appeler l’attention vers un idéal.

Admettons. Mais, nous atteignons le mois d’avril, la grande année s’avance et je ne vois toujours pas resplendir heureusement le dénouement de mon drame.

Avec le système de jeter de la poudre aux yeux, de s’attacher à l’extérieur, de niveler surtout, l’école diminue les enfants ; autant de simulacres imposés, autant de personnalité retirée. Et il ne faut pas oublier que nous avons affaire à une race débilitée et que, parmi les causes de la misère, se place en premier lieu le défaut de volonté profonde, réfléchie. Que deviendront les enfants-marionnettes, sortant de l’école, l’énergie changée en politesse hypocrite, la décision subordonnée uniquement au souci du trompe-l’œil ?

La loi de l’obéissance à l’école même vient encore aggraver les regrettables leçons de résignation et de croupissement.

— Adam, fais ça…

— Mademoiselle, je…

— Pas d’explication…

L’enfant n’a pas le droit de défendre sa volonté. Il faudrait au contraire le laisser dire, puis le persuader, et non le contraindre. Mais je baisse la tête, à mon tour, devant cette objection ironique : « Avec soixante élèves par maîtresse ? »

Allons, allons, pas d’utopie ; il faut du pratique à l’école, du solide et du pas compliqué. Je n’ai qu’à écouter la fable, en répétition actuellement.