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Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/303

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ordinaire se passant à l’intérieur. Mais je n’ai pas deviné cela, sur le moment ; je suivais mon petit, en ne pensant qu’au vertige. Il file devant ses frères, va jusqu’à la porte et la pousse ; mal fermée, elle s’ouvre toute grande.

En face, je vois le lit, un homme et une femme pris à l’improviste. Des jurons de l’homme et une voix plus gênée : « Allons, entre et ferme la porte ! »

Eh bien, je le déclare, renseignée par une horreur inexprimable et par ma pitié pour les petits Ducret si affreusement misérables, il existe un crime de lèse-humanité qui s’appelle : le crime d’avoir trop d’enfants.

Mais, voici une autre comparution.

C’est dans la rue grouillante et malpropre. La journée finie, la mère Fondant et une de ses amies m’ont entreprise ; nous obstruons le trottoir ; l’haleine fade d’une allée d’hôtel meublé nous caresse le visage, il fait doux et humide, et, comme dit Mme Paulin, « le temps est à l’amour ».

— Quand on a beaucoup d’enfants il faut bien taper dessus, affirme la mère Fondant… ou alors faudrait être très riche…

— Oui, dit l’autre femme en riant à dents blanches vers un gaillard qui l’a bousculée, de cogner sur les grands ça aide à élever les petits. Pas vrai, Rose ?

— Écoutez, les enfants qui pleurent ce n’est pas gai…

— Rose est faignante…