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la maternelle

Une fois, au milieu de ces réflexions. Mme Galant me fit appeler dans sa classe pour un enfant pris de vomissement. Cette maîtresse, en contact avec ses élèves, me parut bien épaisse et bien placide ; je fus étonnée du peu d’acuité, du peu d’élan, du peu de flamme de sa physionomie. Il me semble que moi… Car, enfin, il n’y a pas à douter : l’école maternelle tente le premier labourage et la première semaille… Voyons : la normalienne, la directrice, la grosse Mme Galant, les a-t-on placées là, au hasard, au petit bonheur, comme on en aurait placé d’autres ?… Laissons ces idées ; tout est pour le mieux. Aurais-je eu la grande âme d’une bonne institutrice ? Aurais-je eu le don ?… Allons, pas d’extravagances… à chacun son lot… à chacun selon ses moyens.

À genoux et à force de bras, j’ai lessivé longtemps le parquet souillé, et quand mes genoux et mes bras ont été brisés, j’ai retrouvé la perspective juste.

Certes, l’attitude correcte de ces dames à mon égard ne se dément dans aucune circonstance ; mais, quand elles réclament Rose pour certaines besognes, elles possèdent vraiment, sans affectation, un air, un accent qui établissent la distance infranchissable entre nous ; on sent combien un tablier bleu différencie une femme d’une autre ; on apprécie que le rang est le rang, dans le monde. Ces dames préféreraient supporter les pires privations plutôt que de toucher à mon torchon. J’avoue que ma corvée est souvent pénible ; et