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la maternelle

extraordinaire que, certainement, il ne sentait pas le goût. Richard est son nom.

À l’exemple des maîtresses, je suis toujours munie de sucreries. Car, à l’école maternelle, les dragées font partie des récompenses, avec les bons points et la croix. On a ainsi utilisé ingénieusement, pour la discipline et l’émulation, les trois principaux instincts des enfants : instinct de gourmandise, instinct de propriété, instinct de domination.

On amène de petits animaux, l’école dirige l’éclosion de leurs appétits vers une sage sociabilité. La récréation ne me montre-t-elle pas la société en raccourci ? toute l’agitation, tous les gestes se rapportent à prendre, à manger, à paraître.

Par le bénéfice du rassemblement, les énergies à divers degrés se heurtent et s’humanisent. Je vois un garçon et une fille, en discussion, confronter d’abord, l’une, un visage trop violent, l’autre une mine trop bornée, puis acquérir tous deux une même expression moyenne, ni trop exigeante, ni trop cédante et je me rappelle la théorie des vases communiquants : les esprits s’équilibrent par contact. Vive l’école ! Il me semble aussi que le tourbillon, à force de passer devant les tout petits parqués dans le coin du calorifère, fait reluire leur intelligence, par frottement.

La grosse Mme Galant, debout, loin de moi, contre la porte de la cour, crie beaucoup et confisque des bons points, des billes, des soldats en papier, des bouchons ; voilà donc pourquoi ses poches de