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Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/81

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la maternelle

parce que les morceaux de papier n’étaient pas tous pareils et aussi parce que Totor a serré plus fort que Marie, — c’est un homme !

Nous jetons les balles en l’air et nous les rattrapons, d’abord dans les deux mains, puis dans une seule main, la droite, la gauche. Je pose un vaste cornet sur le bureau ; chacun essaie de lancer sa balle dedans, puis tous ensemble bombardent le but.

Je donne sept balles à un enfant, il les renvoie en annonçant avec moi : dimanche, lundi, mardi, mercredi, etc. Tous ces jours-là font une semaine. Chaque jour a ses qualités : le dimanche est le premier jour de la semaine ; le samedi est le dernier, le jour numéro sept, le jour où l’on distribue les croix, etc.

À Julie Leblanc (trois ans) :

— Qu’est-ce que c’est le samedi ?

Julie devine qu’on veut lui faire dire une gentillesse ; elle se contorsionne, baisse les paupières et sourit sans répondre.

— Tu ne sais pas ?

— Si.

— Tu ne veux pas le dire ?

— Si.

— Eh bien, qu’est-ce que c’est le samedi ?

Alors, la mignonne délicieuse, fière, séraphique :

— C’est le jour où qu’on se soûle.

Je n’entends pas. On n’entend jamais ces étourderies qui sont sans réplique ; on bifurque vivement :