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la maternelle

bien habillés, joufflus, roses, font ressortir davantage la moisissure du stock.

Bah ! au diable le pessimisme ! En rang pour la sortie : les élèves sont enchantés de retourner patauger et de trouver la rue obscure à quatre heures.

Un maçon et sa femme attendent leur progéniture sous la pluie. Ils ne possèdent qu’un chapeau de famille, un vieux feutre marron taché de plâtre ; c’est la femme qui l’a sur la tête, mais voici la gamine attendue : à son tour d’en jouir. Elle disparait comiquement sous ce couvercle trop vaste ; les parents recueillent et renvoient de gros rires à droite et à gauche : ils ne donneraient pas ce « coup de temps-là » pour cher. Qu’importe leur propre chevelure marécageuse ? Ils rentreront par le chemin le plus long.

Tant mieux ! Le peuple use d’un excellent moyen ; la moisissure dont il ne peut se défaire, il en plaisante lui-même.

Il faut pourtant que je me mette à l’unisson ; il faut me fourrer dans l’esprit que j’ai affaire à « la crème de Ménilmontant », que ces enfants sont « de la grosse camelote ».

Personne, ici, n’a de prétention à la suavité. La petite du maçon, au moment du départ, pleurait en tenant son derrière à deux mains.

— Qu’est-ce que tu as, ma mignonne ?

Un garçon blasé sur le pleurnichage féminin a haussé les épaules et m’a renseignée :

— C’est Machin qui lui a flanqué un coup de pied dans l’livarot.