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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

mation subite. Ce que semblent avoir voulu avant tout les sculpteurs, c’est s’affranchir de la routine, se rapprocher de la nature, et si, dans leurs compositions, ils ont parfois copié une figure, un personnage, l’ensemble n’est jamais une imitation servile : l’antiquité est prise pour guide plutôt que pour modèle. La peinture devait bientôt suivre, sous la puissante impulsion de Giotto, une marche analogue, sans recevoir toutefois la même assistance que la sculpture, par le seul sentiment qu’il fallait à tout prix sortir de l’ornière.

La littérature, de son côté, ne s’affranchit pas, avec Dante, de l’esprit du moyen âge. C’est à cette période plutôt qu’à l’antiquité qu’appartient le Virgile de la Divine Comédie. Pétrarque rêve de Rome et de ses grands souvenirs ; il célèbre les monuments grecs et romains, son style se rapproche davantage de celui des auteurs classiques, mais il pense encore en homme du moyen âge, et il chante souvent comme un troubadour.

En architecture, ici on conserve le byzantin plus ou moins tempéré de roman, parce qu’il n’est pas en opposition directe avec les tendances qui se sont manifestées ; là on continue d’accepter le gothique en l’alourdissant, ou mieux en évitant cet excès de légèreté et de maigreur qui l’eût rendu peu propre à se parer de l’ornementation plantureuse que l’on demandait à la sculpture.

Nous ne sommes donc pas encore, au commencement du xive siècle, à l’aurore de la grande Renaissance. Il y a plus : l’effort des sculpteurs semble un instant s’arrêter, soit par l’absence de dignes successeurs, soit que ces derniers n’aient été ni poussés ni suivis par les