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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

(1475-1483), accuse les mêmes tendances. Ce grand travail, toutefois, n’est pas entièrement de la main de Laurana, qui, occupé, vers le même temps (1476-1481), au retable de l’église des Célestins, à Avignon, dut se faire aider par un compatriote, Thomas de Côme. À l’instigation de son neveu et héritier, le roi René s’était donc décidé, bien qu’un peu tard, à patronner l’art charmant entrevu près d’un demi-siècle auparavant, quand il traversait l’Italie juste au moment où florissaient Ghiberti, Donatello, Brunellesco et Alberti.

Nous venons de voir le rôle joué par Charles d’Anjou. Grâce à ce prince, le plus ancien monument de la Renaissance se trouve non en Provence, mais dans le Maine. Il n’a servi de rien au beau pays compris entre le Rhône et le Var d’être pour ainsi dire, au point de vue des mœurs comme à celui des traditions de toute sorte, un prolongement de l’Italie. La persistance des formes antiques dans les monuments d’architecture romane et la durée de cette dernière jusqu’à la fin du xiiie siècle, sous Philippe le Bel, expliquent peut-être pareil fait. Le style gothique était depuis trop peu de temps adopté pour qu’on pût déjà l’abandonner. Parmi les artistes appelés d’Italie par les papes résidant à Avignon (1309-1377), on ne voit guère que des peintres et des miniaturistes. Toutes les grandes constructions sont confiées à des architectes français qui, le plus souvent, nous le savons par des documents récemment publiés, viennent de la province de leurs Mécènes. Pétrarque, plus occupé de littérature que d’art et, d’ailleurs, vers la fin de son séjour (1342-1347), profondément hostile au maintien de la papauté de ce côté des