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LIVRE II.

libert de l’Orme nous entretient dans le Premier tome de l’architecture : « S’il a esté permis, dit-il, aux anciens architectes, en diverses nations et païs, d’inventer nouvelles colonnes ainsi que feirent les Latins et Romains la Thuscane et composée : les Athéniens, l’Athénienne : et longtemps devant lesdicts Latins et Romains, ceux de Dorie, la Dorique : de Ionie, la Ionique : et Corinthiens, la Corinthienne : qui empeschera que nous François n’en inventions quelques unes et les appellions Françoises, comme pourroient estre celles que ie inventay et fis faire pour le portique de la chappelle qui est dans le parc de Villiers coste Rets (Villers-Cotterets) du temps et regne de la maiesté du feu Roy Henry ? Vray est que pour la nécessité où ie me trouvay, de ne pouvoir recouvrer promptement, et sans grands frais, des colonnes toutes d’une pièce, ie les fis faire de quatre ou cinq pièces, avec beaux ornements et moulures, qui cachent leurs commissures : de sorte qu’à les voir il semble qu’elles soient entièrement d’une piece, se monstrants fort belles et de bien bonne grace. » En réalité, loin d’innover, Philibert de l’Orme ne faisait guère que suivre l’exemple donné par les maîtres maçons du xiie siècle. La colonne dite française a son prototype dans les colonnes annelées de l’architecture gothique rudimentaire.

Durant la seconde moitié du xvie siècle, il y eut véritable abus des ordres antiques. Non seulement les colonnes s’entassèrent les unes sur les autres, s’accouplèrent dans les intervalles des baies ou dans les embrasures ; mais lorsqu’on voulut en limiter le nombre pour éviter la monotonie des répétitions, on ne crut pouvoir