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LIVRE PREMIER.

un objet d’art, nous trouvons avant tout la pensée de l’auteur, et c’est un charme de plus qu’offre l’étude de la Renaissance.

Il y a pourtant une marche générale qui s’impose aux artistes, qu’ils en aient ou non conscience, et elle résulte d’influences diverses auxquelles ils ne cherchent pas à échapper.

La littérature joua son rôle au xve et au xvie siècle plus puissamment encore qu’elle ne l’avait fait au siècle précédent. Nous sommes maintenant à l’époque des humanistes. L’antiquité est savamment commentée par les érudits, qui s’efforcent de faire passer ses beautés dans leurs productions et qui se tiennent pour les plus grands hommes de leur temps s’ils sont parvenus à écrire dans le latin de Virgile ou de Cicéron. Sous Léon X, un prince de l’Église, le cardinal Bembo, recommandera à Sadolet, son collègue dans l’épiscopat, de bien prendre garde de gâter son style en lisant trop souvent la Bible. Des gens instruits en viennent à parler plus correctement dans une langue morte que dans leur langue maternelle.

L’art ne pouvait aller avec cette vitesse et cette désinvolture. Il est soumis à certaines nécessités, il lui faut subir certaines entraves qui l’affranchissent de tout excès. Du reste, pour atteindre à une imitation, même sage et réservée, de l’antique, un point de départ manquait encore. L’archéologie, sœur cadette de l’érudition et venue longtemps après elle, était une science toute nouvelle et toute rudimentaire au milieu du xve siècle. On ne s’occupait que depuis assez peu de temps à recueillir, chaque fois que faire se pouvait, des frag-