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LIVRE PREMIER.

Au xive et au xve siècle, l’Italie possédait d’habiles orfèvres et d’excellents médailleurs. C’est par eux surtout que commença la Renaissance, et un peu par eux qu’elle se répandit. L’orfèvrerie était alors une manière d’encyclopédie de l’art ; ceux qui s’y livraient, par suite des exigences multiples de leur profession, devaient savoir un peu de tout. L’architecture et la statuaire ne leur étaient pas étrangères ; ils devenaient les arbitres par excellence du bon goût, ils avaient voix dans les concours ; les sculpteurs et les architectes les consultaient, et souvent, comme Ghiberti, Donatello et Brunellesco, avaient commencé par être leurs élèves. Plus libres dans leurs conceptions et trouvant plus de modèles dans l’antiquité que dans le moyen âge, ils imitent la première et sont suivis de près par les médailleurs dont les produits n’ont pas de limites, chaque ville, chaque prince, chaque corporation voulant avoir sa médaille, sans compter celles qui sont émises à l’occasion du moindre événement et celles que des artistes eux-mêmes font frapper à leur effigie. L’habitude de se faire représenter en médaille engendre l’idée de se faire représenter en médaillon et de figurer de même les personnages que l’on veut honorer. Ce n’est pas assurément la Renaissance qui a inventé le médaillon, mais elle l’a employé beaucoup plus et avec beaucoup plus de bonheur que toute autre architecture, si bien qu’elle ne peut se concevoir sans lui ni en Italie ni ailleurs. Nous avons en France des médaillons empruntés comme style soit aux médaillons italiens, soit directement aux médailles qui circulaient en deçà des Alpes, après être sorties des ateliers de Pisanello,