Page:Léon Palustre - L’Architecture de la Renaissance.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
LIVRE PREMIER.

réaliser en partie les projets de rectification et d’embellissement des rues de Rome qu’avait conçus un quart de siècle auparavant son prédécesseur Nicolas V. L’exemple du pape entraîne les plus riches cardinaux : Joseph Riario, Marc Barbo, Guillaume d’Estouteville, et surtout Julien de la Rovère, plus tard Jules II, dont le règne devait établir la suprématie de Rome au temps de la seconde Renaissance. Déjà au xve siècle la papauté, loin de chercher à détourner de sa direction naturelle l’art et la littérature, les secondait jusque dans les manifestations qui les entachaient de paganisme. Les humanistes les plus célèbres étaient connus à Rome, parfaitement accueillis quand ils y venaient ; plusieurs, comme Pomponius Lætus, Platina, Argyropoulos, y eurent leur résidence ; il se trouve des humanistes dans le Sacré Collège et jusque sur la chaire de saint Pierre où nous avons signalé Pie II. C’est ce pape qui, un jour, pour convaincre les princes et les soldats qu’il voulait envoyer contre les Turcs, s’avisa de faire une harangue savante et bien pondérée où les citations d’auteurs grecs remplacèrent les textes évangéliques. « Ceux qui mourront dans la croisade, s’écria-t-il en finissant, ne recouvreront pas la science de toutes choses, comme le prétend Platon, mais ils l’acquerront, d’après l’opinion d’Aristote. »

Le haut domaine de l’art, au xve siècle, continue d’appartenir à Florence à laquelle Pise, malgré l’esprit novateur de ses artistes, ne put l’enlever, et qui affermit sa conquête par les aliments variés que seule elle pouvait donner au génie des artistes, d’ailleurs pour la plupart ses citoyens. L’humeur généreuse et l’esprit