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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

pays se promettait de grandes richesses. Pour célébrer un événement aussi heureux, le roi s’empressa de jeter, à Belem, dans un faubourg de Lisbonne, sur l’emplacement de l’humble chapelle où le célèbre navigateur avait prié avant son départ, les fondations d’une splendide église (1500). Les travaux, d’abord dirigés par un nommé Boutaca, que l’on a longtemps cru Italien, mais dont l’origine portugaise est aujourd’hui prouvée, devaient durer longtemps, car, en 1522, ce premier architecte étant mort, il fallut le remplacer par un second, Jean de Castilho.

L’église de Belem, de même que le cloître adjacent, fatigue par la lourdeur et la multiplicité des détails. On cherche en vain un endroit où l’œil puisse se reposer ; tout est fouillé, frisé, torturé à outrance. Les colonnes élancées de la nef, de forme octogone, sont, sur chaque face, elles-mêmes couvertes du haut en bas de rinceaux et de feuillages, ce qui ne se rencontre nulle part ailleurs dans d’aussi grandes proportions.

Boutaca fut encore l’architecte de la vaste construction inachevée connue sous le nom de chapelle imparfaite (1498-1519), en arrière de la grande église de Batalha. Mais c’est à Gaviça de Rezende, frère du célèbre chroniqueur André de Rezende, qu’est due la robuste et pompeuse tour de Belem, au bord du Tage. Une charmante loggia à colonnettes et arcs cintrés, qui se détache en saillie sur chaque face, fait plutôt songer à un riant palais qu’à une forteresse.

D’autres monuments en style manoelin, qui a duré jusqu’au milieu du xvie siècle environ, se voient à Sétubal et à Thomar. Dans les dernières années, il marche