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LIVRE PREMIER.

répète jamais. Il faut dire que cette indépendance d’allures est bien obtenue un peu aux dépens de la fidélité à l’antiquité romaine, que Palladio n’a guère eu d’autre maître direct que Vitruve, considéré, du reste, comme un mentor peu gênant ; mais c’est chez lui raison et sagesse, non mépris : il veut s’inspirer au lieu d’imiter, ou n’imiter que lorsqu’il saisit le pourquoi de ce qu’il observe et peut en faire une application logique et savante. Sous ce rapport, un point de contact existe entre lui et nos grands architectes français du xvie siècle.

Aux qualités qui précèdent, les œuvres de Palladio joignent l’harmonie, la distinction, la netteté. Elles sont faciles à comprendre et d’une imitation aisée. Aussi nul plus que ce maître n’exerça-t-il une juste influence sur la seconde moitié du siècle où il vécut et la première du suivant. À l’exemple de l’Italie, les pays étrangers adoptèrent sa manière de faire ; il eut surtout beaucoup de succès en Angleterre.

De même que Vignola, Palladio a excellemment écrit sur son art ; le Traité d’architecture qu’il publia en 1570 eut dès le premier instant une vogue considérable, et de tous côtés on se mit à bâtir suivant les règles indiquées. En outre, par suite d’un heureux concours de circonstances, le maître, sans s’éloigner de la région où il était né, put trouver le moyen d’exercer son talent. Les principaux monuments qu’il a laissés se voient à Vicence, à Venise et lieux circonvoisins. Rome, qui ne pouvait guère servir à sa réputation, l’attira peu. Les bâtiments claustraux de Saint-Jean-de-Latran sont à peu près dans cette ville son seul ouvrage.