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L’ARCHITECTURE DE LA RENAISSANCE.

tion du palais Tiene et celle du palais Chieregati, l’un et l’autre relevés sur leur façade de deux étages de colonnes. Mais, au palais Valmarana, il eut le tort, pour une hauteur égale, d’adopter un seul ordre, donnant ainsi un exemple qui ne devait que trop être suivi dans toute l’Europe, durant longues années. Par un défaut de logique encore plus surprenant, chaque angle du même palais est affaibli plutôt qu’accusé par un petit ordre, au rez-déchaussée, que surmonte une statue, au premier étage. C’est là, de préférence, que les grandes colonnes eussent pu être employées.

En 1578, Palladio fut appelé à donner son avis sur la restauration d’une partie du palais des Doges ravagé par un incendie. Puis il construisit non loin de Venise, sur la Brenta, un palais pour la famille Foscari et, à Campo Marzo, en Toscane, une villa pour le grand-duc François-Marie. Ces édifices ont toutes leurs parties bien combinées, et l’on ne saurait trop appuyer sur l’emploi judicieux des bossages qui n’apparaissent pas du haut en bas, comme dans certains édifices de Toscane, mais sont simplement réservés pour le rez-de-chaussée, où, tout en apportant une solidité apparente à la construction, ils font valoir les surfaces lisses qui les surmontent.

Aux environs de Vicence, la célèbre villa dite Rotonda Palladiana se compose, en arrière de deux portiques sur plans différents, d’un vaste quadrilatère servant d’enveloppe à une salle circulaire surmontée d’un dôme. Nul édifice ne présente plus de majesté, et l’on comprend que Gœthe ait écrit dans son Voyage en Italie : « Quand on a de telles œuvres sous les yeux,