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tion qui s’agite est d’une nature telle, qu’à moins de faire appel à la religion et à l’Église, il est impossible de lui trouver jamais une solution. Or, comme c’est à Nous principalement qu’ont été confiées la sauvegarde de la religion et la dispensation de ce qui est du domaine de l’Eglise, Nous taire serait aux yeux de tous négliger Notre devoir. — Assurément, une question de cette gravité demande encore à d’autres agents leur part d’activité et d’efforts. Nous voulons parler des gouvernants, des maîtres et des riches, des ouvriers eux-mêmes dont le sort est ici en jeu. Mais ce que Nous affirmons sans hésitation, c’est l’inanité de leur action en dehors de celle de l’Église. C’est l’Église, en effet, qui puise dans l’Évangile des doctrines capables, soit de mettre fin au conflit, soit au moins de l’adoucir en lui enlevant tout ce qu’il a d’âpreté et d’aigreur ; l’Église, qui ne se contente pas d’éclairer l’esprit de ses enseignements, mais s’efforce encore de régler en conséquence la vie et les mœurs de chacun ; l’Église qui, par une foule d’institutions éminemment bienfaisantes, tend à améliorer le sort des classes pauvres ; l’Église qui veut et désire ardemment que toutes les classes mettent en commun leurs lumières et leurs forces pour donner à la question ouvrière la meilleure solution possible ; l’Église enfin qui estime que les lois et l’autorité publique doivent, avec mesure et avec sagesse sans doute, apporter à cette solution leur part de concours.


I. Ses Doctrines

1° Inégalité des classes

Le premier principe à mettre en avant, c’est que l’homme prendre en patience sa condition ; il est impossible que, dans la société civile, tout le monde soit élevé au même niveau. Sans doute, c’est là ce que poursuivent les socialistes ; mais contre la nature tous les efforts sont vains. C’est elle, en effet, qui a disposé