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Page:Léonard - Œuvres, 1798, t2.djvu/131

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LA VAINE PROMESSE.

THESTILE, DAPHNÉ.

Le midi prodiguait ses brûlantes ardeurs,
Et Thestile dormait sous un épais feuillage,
      Quand tout-à-coup sur son visage
   Il sent tomber un nuage de fleurs.
Il s'éveille surpris, aperçoit son amante ,
Veut courir dans ses bras , et se trouve enchaîné
Plus l'obstacle irritait son ame impatiente ,
Et plus son embarras faisait rire Daphné.
Tu triomphes, dit-il; attends, attends, méchante !
Du nœud qui me retient je vais me dégager ,
Et par mille baisers je saurai me venger.
Oui! dit en souriant la maligne bergère ;
      Eh bien je ne te délirai
      Qu'après que tu m'auras juré
De ne point m'embrasser pendant une heure entière.
Thestile y consentit. Daphné disait tout bas :
C'est un serment frivole, et qu'il ne tiendra pas.
Mais elle a beau , pour le séduire ,
Tourner sur lui, d'abord un regard languissant;
Ses yeux, pour cette fois, ont perdu leur empire;
Elle a beau l'appeler, et d'un air agaçant
      Lui serrer la main , lui sourire ;
      Ce nouveau charme est impuissant.