Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dont ils ne connoissent pas la cause. Il est impossible que la peinture paroisse d’aussi grand relief que les choses vues dans un miroir (bien que l’une et l’autre ne soient que superficielles), à moins qu’on ne les regarde qu’avec un œil : en voici la raison : les deux yeux A B voyant les objets N M l’un derrière l’autre, M ne peut pas être entièrement occupé par N, parce que la base des rayons visuels est si large, qu’après le second objet elle voit encore le premier ; mais si vous vous servez seulement d’un œil, comme dans la figure S, l’objet F, occupera toute l’étendue de R, parce que la pyramide des rayons visuels partant d’un seul point, elle a pour base le premier corps F, tellement que le second R qui est de même grandeur, ne pourra jamais être vu[1].

  1. Léonard de Vinci est fort obscur dans ce chapitre, et peut-être s’est-il trompé : celui qui l’a traduit la première fois ne l’a ni expliqué ni corrigé. Voici ce qu’on peut dire sur la matière qui est ici traitée. Tout tableau est une perspective, et l’art peut faire paroître les figures d’un tableau avec autant de relief qu’en ont les figures naturelles. Mais un tableau ne représente que des figures plates autour desquelles on ne sauroit tourner pour en voir les différens côtés ; il n’a proprement qu’un point de vue d’où on puisse les bien voir, au lieu qu’on, peut voir de tous côtés les figures naturelles, et elles paroîtront toujours avec le relief qu’elles ont.