Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/172

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mais si vous entrez dans ces lieux, vous les verrez fort éclairés, et vous pourrez distinguer jusques aux moindres choses qu’ils contiennent. Ces deux impressions si différentes se font par la disposition naturelle de l’œil, dont la foiblesse ne pouvant supporter le trop grand éclat de la lumière de l’air, la prunelle se resserre, devient fort petite, et par-là perd beaucoup de sa force ; mais au contraire, dans les lieux sombres, la même prunelle s’élargit, et acquiert de la force à proportion de son étendue : ce qui fait qu’elle reçoit beaucoup de lumière, et qu’on peut voir des objets qu’on ne pouvoit distinguer auparavant lorsqu’elle étoit resserrée.


CHAPITRE CXI.

Qu’aucune chose ne montre sa véritable couleur, si elle n’est éclairée d’une autre couleur semblable.

On ne sauroit jamais voir la propre et vraie couleur d’aucune chose, si la lumière qui l’éclaire n’est entièrement de sa couleur même : cela se remarque sensiblement dans les couleurs des étoffes, dont les plis éclairés jettant des reflets, ou donnant quelque lumière aux autres plis opposés, les font pa-