Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/38

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homme qui songeoit à finir ses ouvrages avant de les avoir commencés. Vasari, zélé partisan de Michel Ange, dit qu’on donna encore à Rome bien d’autres mortifications à Léonard, par les discours injurieux qu’on répandoit contre lui, et par la préférence qu’on donnoit en tout à Michel Ange. Ainsi Rome ne sut point profiter des talens de Léonard, qui se rebuta enfin, et qui se voyant appelé par François Ier, passa en France, où il trouva dans la bonté de ce prince de quoi se dédommager des chagrins qu’il avoit reçus à Rome. Il avoit plus de soixante et dix ans quand il entreprit le voyage ; mais l’honneur de servir un si grand roi, le soutenoit et sembloit lui donner des forces. La cour étoit à Fontainebleau, lorsque Léonard alla saluer le roi ; ce prince lui fit mille caresses, et lui donna toujours des marques d’estime et de bonté, quoiqu’il ne pût guère l’employer à cause de son grand âge. Il y a apparence que les fatigues du voyage et le changement de climat contribuèrent à