Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/421

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L’azur de l’air est d’une couleur composée de lumière et de ténèbres : Je dis de lumière, car c’est ainsi que j’appelle les parties étrangères des vapeurs qui sont répandues dans l’air, et que le soleil rend blanches et éclatantes. Par les ténèbres j’entends l’air pur, qui n’est point rempli de ces parties étrangères qui reçoivent la lumière du soleil, l’arrêtent sans lui donner passage, et la réfléchissent de tous côtés. On peut remarquer ce que je dis dans l’air qui se trouve entre l’œil et les montagnes, lesquelles sont obscurcies par la grande quantité d’arbres qui les couvrent, ou qui sont obscures du côté qu’elles ne sont point éclairées du soleil ; car l’air paroît de couleur d’azur de ces côtés-là ; mais il n’en est pas de même du côté que ces montagnes sont éclairées, et bien moins encore dans les lieux couverts de neige. Entre les choses d’une égale obscurité, et qui sont dans une distance égale, celle qui sera sur un champ plus clair paroîtra plus obscure, et celle qui sera sur un champ plus obscur paroîtra plus claire. La chose qui sera peinte avec plus de blanc et plus de noir, aura un plus grand relief qu’aucune autre. C’est pour cela que j’avertis ici les Peintres de colorier leurs figures de couleurs vives et