Page:Léonard de Vinci - Traité élémentaire de la peinture, 1803.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XIX.

Qu’un Peintre doit souhaiter d’apprendre les différens jugemens qu’on fait de ses ouvrages.

C’est une maxime certaine qu’un Peintre, lorsqu’il travaille au dessin ou à la peinture, ne doit jamais refuser d’entendre les différens sentimens qu’on a de son ouvrage ; il doit même en être bien aise, pour en profiter ; car, quoiqu’un homme ne soit pas peintre, il sait cependant bien quelle est la forme d’un homme ; il verra bien s’il est bossu ou boiteux, s’il a la jambe trop grosse, la main trop grande, ou quelque autre défaut semblable. Pourquoi donc les hommes ne remarqueroient-ils pas des défauts dans les ouvrages de l’art, puisqu’ils en remarquent dans ceux de la nature ?


CHAPITRE XX.

Qu’un Peintre ne doit pas tellement se fier aux idées qu’il s’est formées des choses, qu’il néglige de voir le naturel.

C’est une présomption ridicule de croire qu’on peut se ressouvenir de tout ce qu’on