venant de Pohjola ? T’y aurait-on insulté au milieu du festin, en te servant une coupe indigne de toi[1] ? S’il en est ainsi, tu trouveras ici une meilleure coupe, celle que ton père a rapportée de la guerre, qu’il a conquise dans les jeux sanglants des batailles. »
Le joyeux Lemminkäinen répondit : « Ô mère qui m’as engendré, si l’on m’avait insulté en me servant une coupe indigne de moi, j’aurais à mon tour insulté mes hôtes, j’aurais insulté cent hommes, j’aurais jeté le défi à mille guerriers. »
La mère de Lemminkäinen dit à son fils : « Pourquoi as-tu l’air si consterné ? T’aurait-on vaincu avec les chevaux, t’aurait-on outragé à cause des chevaux[2] ? S’il en est ainsi, tu pourras acheter un meilleur cheval avec l’argent que ton père a gagné, avec les trésors qu’il a rassemblés. »
Le joyeux Lemminkäinen répondit : « Ô mère qui m’as engendré, si l’on m’avait vaincu avec les chevaux, si l’on m’avait outragé à cause des chevaux, j’aurais outragé mes hôtes, j’aurais provoqué tous les cavaliers, j’aurais battu les hommes forts avec leurs poulains, les vaillants héros avec leurs étalons. »
La mère de Lemminkäinen dit à son fils : « Pourquoi as-tu l’air si consterné, pourquoi as-tu l’âme si triste en revenant de Pohjola ? Se serait-on moqué de toi à cause des femmes, t’aurait-on tourné en ridicule à cause des jeunes filles ? S’il en est ainsi, tu pourras te moquer à ton tour d’autres femmes, tu pourras tourner en ridicule d’autres jeunes filles. »
Le joyeux Lemminkäinen répondit : « Ô mère qui m’as engendré, si l’on s’était moqué de moi à cause des femmes, si l’on m’avait tourné en ridicule à cause des jeunes filles, je me serais moqué de mes hôtes, je me se-