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le kalevala

Et Untamo envoya Kullervo dans une forêt pour y abattre des arbres et la défricher.

Alors Kullervo, fils de Kalervo, dit ces paroles :

« Ainsi donc, moi aussi je deviendrai un homme lorsque j’aurai une hache à la main. On me trouvera plus beau à voir, plus beau que par le passé. Oui, je deviendrai un homme qui vaudra cinq hommes, un héros qui pourra lutter contre six héros. »

Et il se rendit dans l’atelier d’un forgeron.

« Forgeron, mon cher frère, fais-moi une hache, une hache convenable, une hache proportionnée à ma taille ; j’ai une forêt à défricher, j’ai de grands bouleaux à abattre. »

Le forgeron se mit aussitôt à l’ouvrage ; il fit puissamment résonner son marteau, et déjà la hache commandée est prête, une hache convenable, une hache proportionnée à la taille du héros.

Kullervo, fils de Kalervo, prit la hache ; il en aiguisa le fer pendant le jour, et le soir il en tailla et polit le manche.

Et il se dirigea vers la forêt ; il pénétra dans les espaces vastes et sauvages, au milieu des grands bouleaux, des gigantesques futaies.

Là, il brandit sa hache. D’un coup il abat les troncs les plus vigoureux, d’un demi-coup les tiges les plus tendres. Cinq arbres, huit arbres tombent à la fois. Puis, il vociféra d’une voix éclatante : « Que Lempo apparaisse ici et frappe ! Que Hiisi[1] vienne lui-même renverser les troncs ! »

Et il poursuit avec rage son œuvre de destruction, et poussant une immense clameur, un sifflement effroyable, il s’écrie : « Que les bois s’écroulent, que les fiers bouleaux jonchent la terre, aussi loin que ma voix se fait entendre, que mon sifflement retentit !

« Que nulle plante ne germe, que nulle tige ne gran-

  1. Voir page 50, note 1.