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le kalevala

Tu as déjà détruit une partie de cette maison, tu as assassiné une partie de cette famille, lorsque tu es venu parmi nous jadis. Ô fille, ma chère sœur, ne t’éprends point d’amour pour le prétendant, ne te laisse point séduire par sa belle bouche, par ses beaux pieds ! Le prétendant a les dents du loup, les griffes du renard, dans sa poche, les pattes de l’ours sous le bras, le poignard de la sangsue à sa ceinture ; il s’en servira pour te déchirer la tête, pour te mutiler les oreilles[1]. »

La jeune fille répondit elle-même au forgeron : « Non, je n’irai point avec toi, je dédaigne les âmes féroces. Tu as tué ma sœur, tu me tuerais, tu m’assassinerais à mon tour. Je suis faite pour un époux meilleur et plus beau que toi, j’aspire à un plus brillant traîneau ; et il me faut de plus grandes richesses, de plus vastes domaines que la simple maison remplie de charbon d’un forgeron, que le foyer d’un homme vulgaire. »

Le forgeron Ilmarinen, le batteur de fer éternel tordit la bouche, branla la tête, secoua sa noire chevelure ; en même temps il enleva la jeune fille dans ses bras, se précipita, tel qu’un ouragan, hors de la maison, monta dans son traîneau, et se mit aussitôt en route. D’une main il tient les rênes de son cheval, de l’autre il caresse le sein de la belle [2].

La jeune fille se mit à pleurer, à se lamenter, et elle dit : « J’étais allée dans les champs pour y cueillir des fleurs sur la mousse ; et voilà que je disparais, pauvre co-

  1. « Neitonen, sinä sisari,
    « Elä sulho’on ihastu,
    « Elä sulhon suun pitohon
    « Eläkä jalkoihin jaloihin !
    « Sulholl’on suen ikenet,
    « Revon koukut kormanossa
    « Karhun kynnet kainalossa
    « Veren juojan veitsi vyöllä,
    « Jolla päätä piirtelevi,
    « Selkeä sirettelevi. »

  2. « Käsi ohjassa orosen,
    « Toinen neien nännisillä. »