Wäinämöinen éleva la voix, et il dit : « Jamais, l’homme, même le plus faible, jamais le héros, même le plus endormi, n’a été vaincu, n’a été détruit par un brouillard. »
Et, de son glaive, il frappa les eaux de la mer ; une vapeur douce comme le miel se dégagea de la lame d’acier ; et, soudain, le brouillard s’évanouit dans les airs, se dissipa dans l’immensité du ciel ; et la mer reprit sa clarté, elle se déroula dans toute sa grandeur ; le monde s’ouvrit de nouveau devant les guerriers.
Un instant, un court instant s’écoula. Alors, un bruit sourd retentit à la surface de la mer, et les flots se soulevèrent puissamment contre le navire de Wäinämöinen.
Le forgeron Ilmarinen en fut saisi d’effroi ; le sang disparut de son visage, la couleur rouge se ternit sur ses joues ; et il se voila la tête et les oreilles, il se voila tout le visage, encore plus les yeux[1].
Le vieux Wäinämöinen se pencha sur les vagues et jeta les regards autour du navire ; il y aperçut un petit prodige[2]. Iku-Turso, le fils du vieillard, dressait sa tête hideuse au-dessus des flots, tout près de la carène.
Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen saisit le monstre par les oreilles, et lui dit : « Ô Iku-Turso, fils du vieillard, pourquoi as-tu surgi du sein de la mer, pourquoi es-tu venu du fond des eaux, te jeter sur la route des hommes, sur la route du fils de Kaleva ? »
Iku-Turso, le fils du vieillard, n’éprouva certainement aucune joie à cette question, mais il ne s’en effraya pas et garda le silence.
Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen l’interrogea