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quarante-quatrième runo

argent, et il en fit les vis et les chevilles du kantele[1].

Et il dit : « Le kantele est garni de ses vis et de ses chevilles ; mais il lui manque encore quelque chose, il lui manque cinq cordes. Où trouverai-je ces cinq cordes, où trouverai-je les donneuses de l’harmonie ? »

Le héros s’en alla à la recherche des cordes ; il longea une forêt nouvellement défrichée. Là, dans la solitude d’une vallée, était assise une jeune vierge. Cette jeune vierge ne pleurait pas tout à fait, elle n’était pas non plus tout à fait souriante. D’ailleurs, elle chantait seulement pour elle-même, elle chantait pour consumer les heures du soir, en attendant la venue de son fiancé, l’arrivée du bien-aimé de son cœur.

Le vieux, l’imperturbable Wäinämöinen quitta ses chaussures[2], et s’approcha d’elle : « Ô jeune vierge donne-moi de tes cheveux, donne-moi une boucle de tes cheveux, pour les cordes du kantele, pour les sources vibrantes de la joie éternelle ! »

La jeune fille donna de ses cheveux, de ses fins cheveux ; elle en donna cinq, elle en donna six, elle en donna jusqu’à sept ; et Wäinämöinen en fit les cordes du kantele, les sources vibrantes de la joie éternelle.

Ainsi le kantele fut complété dans toutes ses parties. Alors, le vieux Wäinämöinen s’assit sur une pierre, sur un bloc de rocher, et il prit l’instrument dans sa main, il en tourna la pointe vers le ciel, il en appuya le bouton sur les genoux, et il en régla les cordes pour y appeler l’harmonie.

  1. « Kun kaki kukahtelevi,
    « Sanoin viisin viikkelevi,
    « Kuita suusta kumpuavi,
    « Hopca valahtelevi,
    « Kultaiselle kunnahalle,
    « Hopeiselle maelle ;
    « Siita naulat kantelehen,
    « Vaantimet visaperahan. »

  2. La runo dit : Il s’avança de son côté sans souliers, il se glissa de son côté sans bas. Précautions pour ne pas troubler la solitude de la jeune fille.