tar. C’était la plus méprisable des filles de Tuoni[1], la plus dégradée des filles de Manu[2] ; source de tout mal, principe de mille fléaux ; son visage était noir, sa peau d’un aspect horrible.
Cette hideuse fille de Tuoni, cette vierge aveugle d’Ulappala[3], dressa son lit sur la route, son grabat sur la terre nue ; et elle se coucha le dos contre le vent, le flanc contre l’air dur et froid, vis-à-vis le lever du soleil[4].
Survint un ouragan terrible, une grande tempête du côté de l’orient ; et le vent féconda la femme monstrueuse, sur le champ dépouillé d’arbres, sur la terre vide de gazon.
Elle porta un sein dur, un ventre lourdement chargé ; elle le porta deux et trois mois ; elle le porta quatre et cinq mois, sept et huit mois ; elle le porta neuf mois entiers, suivant l’antique mesure des femmes, et jusqu’à la moitié du dixième.
Alors, le fardeau devint fatigant et douloureux ; mais la délivrance n’arriva point, bien que le terme fût arrivé.
La femme changea de place ; la prostituée se rendit pour accoucher entre deux montagnes, dans l’écartement de cinq rochers ; mais, là encore, la délivrance n’arriva point, bien que le terme fût arrivé.
La prostituée chercha une autre place ; elle se transporta près des sources bondissantes, au sein des ruisseaux murmurants ; mais, là encore, elle ne put déposer son fardeau.
Elle gagna la chute mugissante d’une cataracte de feu, elle plongea au milieu du vaste tourbillon, sous trois torrents déchaînés, sous neuf rochers escarpés ; mais, là encore, la misérable ne fut point délivrée.
Alors, la femme abominable se mit à pleurer, la créa-
- ↑ Voir page 120, note 1.
- ↑ Pour Mana, même personnification que Tuoni.
- ↑ Ulappa, lieu vaste, régions lointaines.
- ↑
« Kohin päivän koittehesen. »