grand et vaste. Prends celui des deux qui te plaira ! »
Le vieux Wäinämöinen dit : « Je n’ai que faire de tes bateaux, je ne veux en choisir aucun. J’ai des bateaux, moi aussi, j’en ai sur tous les golfes ; des bateaux solides contre le vent, splendides dans la tempête. »
Et il berna de nouveau le jeune Joukahainen, et il l’enfonça plus profondément dans le marais.
Le jeune Joukahainen dit : « J’ai deux chevaux, deux beaux chevaux. L’un est un coursier rapide comme l’éclair, l’autre un timonier d’une force merveilleuse. Prends celui des deux qui te plaira ! »
Le vieux Wäinämöinen dit : « Je n’ai que faire de tes chevaux, je ne me soucie point de tes bêtes au sabot de fer. J’ai des chevaux, moi aussi ; mes écuries en sont pleines. L’eau ruisselle sur leur dos, un lac de graisse dort sur leur croupe[1]. »
Et il berna de nouveau le jeune Joukahainen, et il l’enfonça plus profondément dans le marais.
Le jeune Joukahainen dit : « Ô vieux Wäinämöinen, rappelle à toi tes paroles sacrées, tes ensorcellements magiques ; je te donnerai un casque plein d’or, un chapeau plein d’argent : tout l’or, tout l’argent que mon père a gagné dans les combats, qu’il a rapporté de ses courses guerrières[2] ! »
Le vieux Wäinämöinen dit : « Je n’ai que faire de ton argent ; Je ne cours point, insensé, après ton or. Mes aitta[3] en sont pleines, mes coffres en regorgent. Mon or est antique comme la lune, mon argent a l’âge du soleil[4]. »
- ↑ Locution finnoise pour exprimer la finesse de la robe et l’état florissant du cheval
- ↑ Les Finnois, comme les anciens Vikings scandinaves entreprenaient, au loin, des expéditions aventureuses d’où ils rapportaient souvent un riche butin. On a même prétendu que le mot Corsaire est d’origine finnoise ; il viendrait, soi-disant, d’une île de la mer de Courlande Kuursaari, ou Kuurin-saari, ancienne station de pirates finnois.
- ↑ V. page 3, note 5.
- ↑ Wäinämöinen veut faire ressortir ainsi la solidité de sa richesse ; plus un trésor est ancien, plus il a de prix.