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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/132

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qui se ranime sous les derniers rois Arsacides pour triompher avec les Sassanides. L’impression se fortifie encore quand on voit Kaniṣka éliminer de ses monnaies le titre grec de basileôn qu’il avait conservé d’abord, pour lui substituer le titre correspondant en iranien, raonano rao « ṣăhān ṣāh », tracé en caractères grecs. Et le mouvement prend plus d’ampleur encore sous son successeur Huviṣka qui semble faire appel presque exclusivement aux divinités de l’Avesta, en nombre surprenant.

Si bienveillante qu’ait pu être l’attitude de Kaniṣka à l’égard des autres confessions, le bouddhisme lui doit une reconnaissance légitime. C’est lui qui a convoqué le dernier Concile sur le sol hindou, et c’est ce concile qui a préludé à l’immense travail de propagande qui allait faire du Bouddhisme la religion de toute l’Asie Centrale et Orientale. Le Concile se réunit au Cachemire, dans l’aimable vallée que ses hautes montagnes n’ont jamais empêchée de communiquer avec l’Afghanistan, le Turkestan et le Tibet. Sans doute la piété de Kaniṣka n’était pas étrangère, tout comme celle d’Açoka, à des raisons politiques : il fallait avoir pour soi ou contre soi le plus puissant des ordres religieux répandu dans l’Inde ; il fallait, pour le tenir en main, lui imposer une hiérarchie et une orthodoxie officielles, rempart nécessaire contre les prédicateurs de désordre ou de rébellion qui s’abritaient sous le masque à transformation du schisme. La sainte réunion, où siégeaient cinq cents moines parfaits (Arhat) procéda à la révision des textes sacrés : Entretiens (Sūtra), Discipline (Vinaya), Métaphysique (Abhidharma), dont l’ensemble formait les Trois Corbeilles ; puis elle rédigea sur chacune des trois sections