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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/19

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la triple Grèce d’Asie Mineure, d’Hellénie et d’Italo-Sicile, portée ensuite par les Romains jusqu’à l’Atlantique, jusqu’au Rhin, jusqu’au Danube, la civilisation classique, païenne ou judéo-chrétienne, a déserté ses foyers d’origine ou d’antique splendeur pour des cieux gris, avares de lumière et de chaleur, et pour des terres parcimonieuses qui ne donnent rien qu’en échange d’une lourde peine. L’empire du monde a passé par Babylone et Ninive, par Memphis et Thèbes, par Sparte et Athènes, par Carthage et Rome, pour aboutir à être disputé sous nos yeux, sur notre sol, entre le maussade Berlin et Londres la brumeuse. À l’autre bout de l’ancien monde, la Chine a formé sa civilisation, son unité, son génie dans la vallée du Hoang-ho, elle ne s’est étendue que tardivement vers le sud, au-delà du Yang-tse kiang. L’Égypte seule présente une apparence d’analogie. Les anciens l’ont même supposée fréquemment rattachée à l’Inde par le sud ; Alexandre le croyait encore quand il arriva sur les bords de l’Indus qu’il était disposé à regarder comme le cours supérieur du Nil, à cause du régime périodique des inondations, des roseaux pareils au papyrus et des crocodiles qui se rencontraient sur ses bords. L’équivoque du nom d’Éthiopie et d’Éthiopiens appliqué jusqu’à la basse époque à l’Afrique supérieure et à l’Inde fait un pendant significatif à l’équivoque du nom des Indes et des Indiens qui persiste encore dans l’usage actuel, malgré la précision des connaissances géographiques, comme un rappel de l’erreur féconde qui inspira Christophe Colomb ; nous parlons des Indes Orientales et des Indes Occidentales, et les Peaux-Rouges comme les indigènes du