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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/202

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chant Visage de Lotus, mise aussitôt en circulation, attesta que la catastrophe, naturellement prévue et prédite par le Bouddha, serait réparée. Un moine venu de l’Oḍḍiyāna (Svat) en Chine en 557, et qui mourut en 596 à l’âge de cent ans, apporta ce texte et le traduisit ; cette version seule s’est conservée. Le Bouddha y célèbre la beauté du Cachemire, la gloire des saints qui y ont résidé, et après ces évocations heureuses il ajoute : « Or, il y aura ceci : un disciple de l’hérétique Pūraṇa, nommé Visage-de-Lotus, instruit, savant, versé dans l’astronomie, ayant un corps couleur d’or, mais homme de grande sottise, après avoir honoré quatre saints, au moment de faire une offrande, prononcera ce vœu : Je souhaite de détruire dans l’avenir la Loi du Bouddha. Et, pour avoir honoré des saints, il obtiendra à chacune de ses naissances un corps bien constitué. Et en dernier lieu, il naîtra dans une famille royale, et sera lui-même roi sous le nom de Mihirakula. Et il anéantira ma loi, et, en vraie brute, il mettra en pièces ma sébile. Et pour avoir détruit la sébile, il naîtra dans le grand enfer Avīci. » Sans poursuivre dans le détail les prédictions du Bouddha, rassurons-nous sur le champ : au cours des temps « la sébile brisée du Bouddha, par la force du Bouddha et par la force des racines de bien des créatures, redeviendra d’elle-même telle qu’elle était d’abord, sans aucune différence ».

Un siècle après Mihirakula, un pélerin chinois, Hiuan-tsang, qui visite l’Inde, s’arrête à Çākala (Sialkot) du Penjab, l’ancienne capitale de Ménandre et aussi celle de Mihirakula. La légende a déjà brouillé les deux images, au détriment du Grec. Le pieux Chinois rapporte en détail l’affreuse histoire qu’il a recueillie sur place : comment