Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/207

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sont venus s’y établir, un prêtre qui reçoit de la Perse son affectation, un diacre, et toute la liturgie ecclésiastique. » Puis il passe à la côte indienne… « Plus haut encore, c’est à dire plus au nord, il y a les Huns Blancs ; celui qu’on appelle Gollas (Mihira-kula, dont le nom s’écrit aussi : -gula) quand il va en guerre prend avec lui, à ce qu’on dit, plus de deux mille éléphants et une grande force de cavalerie. Il est le souverain de l’Inde, et force les peuples qu’il opprime à lui payer tribut. On raconte que ce roi voulut un jour mettre le siège devant une ville de l’intérieur de l’Inde qui était protégée par de l’eau de toutes parts. Il resta fixé là tant qu’enfin ses éléphants, ses chevaux, ses soldats finirent par boire toute l’eau. Il passa alors à pied sec et prit la ville. »

L’Inde qui se résigne presque à tout ne put se résigner à ce régime de barbarie sanglante. Attila trouva dans l’Inde aussi son Actius et son Mérovée. Le récit recueilli par Hiuan-tsang attribuait sa défaite au roi du Magadha Bālāditya. Une inscription gravée à deux exemplaires sur une paire de magnifiques colonnes monolithes (à Mandasor, dans le Malva occidental) célèbre un prince Yaçodharman qui régna du Brahmapoutre (Lauhitya) au mont Mahendra (Ghats Orientaux) du Gange à l’Océan Occidental, sur des pays « où n’avait pas pénétré la puissance des rois Huns, dressée pourtant sur les diadèmes des princes de la terre » et « devant les pieds de qui se prosterne le roi Mihirakula, la tête pliée sous le poids de son bras ».

L’Inde soulagée respira et s’apprêta à reprendre avec honneur sa place dans l’Asie délivrée du fléau des Huns. La chute des Hephthalites de l’Inde a préparé l’écroulement à bref délai de toute la puissance hephthalite. Déjà