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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/220

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sur son suzerain Harṣa pour inviter le Chinois ; il le retient un mois entier, au risque de froisser Harṣa qui réclame impérieusement son tour. Ses conversations avec Hiuan-tsang prouvent une curiosité intelligente et précise. « Maintenant, lui dit-il, dans les royaumes de l’Inde, il y a beaucoup de personnes qui chantent des morceaux de musique destinés à célébrer les victoires du prince de Ts’in du royaume de la Chine… J’ai constamment désiré connaître les heureux effets de ses lois ; il y a bien longtemps que mes regards se sont tournés vers l’Orient. Mais les montagnes et les rivières m’ont empêché d’y aller moi-même… Mon vœu le plus ardent est d’aller à sa cour lui offrir mon tribut. » Et ce ne sont pas là de vains propos. Quand, un peu plus tard, une mission officielle arrive de la Chine à la cour de Harṣa, le roi Kumāra ne manque pas de s’aboucher avec l’envoyé ; il lui raconte que sa famille, installée sur le trône depuis quatre mille ans, est issue d’un saint originaire de la Chine (« la terre des Han ») d’où il était venu à travers les airs. Au cours de la conversation, et sans doute à propos de ce lointain ancêtre, l’envoyé chinois Li Yi-piao mentionne Lao-tseu « qui avait obtenu la Voie avant que le grand royaume de Chine n’eût la religion du Bouddha, et qui avait laissé un texte sacré fort répandu dans le peuple ». La curiosité toujours en éveil du roi Kumāra est vivement piquée ; il prie l’envoyé de lui procurer une traduction sanscrite du traité de Lao-tseu. L’envoyé, de retour à la cour impériale, transmet cette requête, en montre l’intérêt pour l’expansion de l’influence chinoise et « immédiatement, l’empereur promulgue un édit qui chargeait le maître de la Loi Hiuan-tsang (rentré de son long voyage de l’Inde en 645) d’exécuter la traduction en