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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/38

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lat. vicus, gr. oikos ; grāma) sous l’autorité d’un chef (rājan, cf. lat. rex) choisi par un procédé d’élection et contrôlé par une assemblée populaire (samit, analogue de formation au grec synagogâ). Le clan des Bharata semble être le plus puissant ; leur nom, recueilli et consacré par l’épopée du Mahā-Bhārata « la Grande Bharatide » a donné à l’Inde l’unique appellation nationale qu’elle ait elle-même élaborée : Bhārata-varṣa « le continent Bharatéen ». Le mot Inde que nous continuons à employer est, comme il arrive le plus souvent dans les appellations appliquées aux peuples continentaux par leurs voisins, l’extension d’un nom pris sur la frontière. Les Aryens avaient donné au grand fleuve qu’ils traversaient pour pénétrer dans leur nouveau territoire le nom de Sindhu « la rivière » par excellence. C’est ce nom dont nous nous servons encore pour désigner la partie inférieure de la vallée, la province du Sindh. Le mot Sindhu prononcé par une bouche iranienne devait par une fatalité naturelle d’articulation se transformer en Hindu. Les Grecs, qui durent à des informateurs iraniens leurs premiers renseignements sur le pays, recueillirent ce nom sous la forme iranienne, le grécisèrent sous la forme Indikê « pays d’Inde », et progressivement, avec le développement des connaissances, étendirent la même désignation à la contrée tout entière. Les Chinois procédèrent exactement de même ; un envoyé chinois, au cours d’une exploration audacieuse, pénétra dans les districts à l’Ouest du Pamir vers le milieu du iie siècle av. J.-C. Il y entendit parler d’un pays fortuné situé trop loin au Sud-Est pour qu’il pût l’atteindre, pays de bambous et d’éléphants qu’on désignait sous le nom de