Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était déjà entré dans la confrérie. Il avait pris comme directeur spirituel un saint homme de Mathurā, Upagupta, de naissance modeste, le fils d’un parfumeur, qu’on n’en révérait pas moins comme un Bouddha sans les marques merveilleuses. Sous la conduite d’Upagupta, Açoka visita en pélerin les lieux sacrés, dressant à chacune de ses stations un pilier de commémoration ; c’est grâce à lui que nous avons appris, en 1897, par le hasard d’une excavation, le site où le Saint des Saints, le Bouddha était né. La légende lui fait honneur de 84 000 monuments élevés à la gloire du Maître. On en montrait partout encore quand le moine chinois Hiuan-Tsang voyageait dans l’Inde au viie siècle. Et les recherches modernes ne cessent pas, pour ainsi dire, d’en dégager des restes. Le grand art de l’Inde débute, lui aussi, avec ce prince incomparable.

Les intérêts politiques d’Açoka trouvaient légitimement leur compte à son zèle pieux. En s’enrôlant dans la communauté, il avait mis à son service une force disciplinée dont il savait se servir en la servant. Un concile réuni dans la capitale mit de l’ordre dans l’église, discuta et condamna les hérésies, et proscrivit toute la tradition de règles ou de récits qui ne s’accordait pas avec l’idéal tenu pour authentique. Des missions allèrent porter au loin la « bonne parole « (subhāṣita) du Bouddha, une mission partit chez les Grecs ; fait plus étrange encore un Grec, Dhammarakkhita le Yona (Dharmarakṣita Yavana) figure parmi les missionnaires, il fut chargé des pays de la frontière occidentale (Aparānta). Un frère ou un fils d’Açoka passa la mer pour convertir l’île de Ceylan.

La légende ne pouvait épargner un homme si près du sur-