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Page:Lévi - L’Inde civilisatrice, 1938.djvu/65

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dans une comédie galante, Mālavikā et Agnimitra, qui a pour héros un contemporain de Démétrius, Kālidāsa rapporte la défaite d’un parti de cavalerie grecque qui avait poussé jusqu’à la limite orientale du Rajpoutana, au seuil du Bundelkhand.

L’Inde, qui n’avait été qu’effleurée par Alexandre, était cette fois menacée au cœur. Elle avait encore assez d’énergie alors pour réagir. Le dernier des empereurs Maurya fut assassiné par un de ses généraux, tandis qu’il passait en revue ses troupes. Le meurtrier, par prudence, donna le titre royal à son propre fils, et fonda la nouvelle dynastie des Çunga. Comme au temps d’Alexandre, comme à toutes les époques de l’histoire indienne, le sentiment national fit cause commune avec le brahmanisme xénophobe. Le bouddhisme dut expier son inspiration « catholique » (pour rendre au mot sa valeur étymologique), qui le rendait trop accueillant aux étrangers. Les sacrifices anciens, avec leur rituel sanglant, furent rétablis. La tradition tardive du bouddhisme flétrit encore comme un persécuteur odieux, comme un destructeur de monastères, l’exterminateur de la famille des Maurya.

Mais le vainqueur de l’Inde, Démétrius, qui le premier prenait sur ces monnaies le titre hindou de mahārāja, qui sur ces monnaies portait en guise de casque une tête d’éléphant comme l’emblème parlant de son domaine indien, allait connaître à son tour les vicissitudes de la fortune. Pendant son absence, Eukratidès se soulève en Bactriane ; Démétrius marche contre lui, l’assiège ; mais avec 300 hommes, dit-on, il tient tête aux 60 000 soldats de Démétrius et finit par triompher. Roi, la tâche dut lui être rude ; il