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III

LE MÉCANISME DU SACRIFICE

Le sacrifice est une combinaison savante et compliquée d’actes rituels et de paroles sacrées, ou plutôt il est la puissance impalpable et irrésistible qui se dégage de leur rapprochement, comme le fluide électrique naît des éléments mis en contact. On l’incarne à volonté dans Prajâpati ou dans Visnu[1], ou dans le fidèle qui offre le sacrifice[2], ou bien à la fois dans le sacrifiant et dans les prêtres qu’il emploie[3] ; en fait, il est répandu partout ; il réside à l’état latent dans tout ce qui est[4], car « tout ce qui est participe au sacrifice[5] », mais « comme les dieux, il échappe aux sens[6] ». Le sacrifice est aussi identique à l’homme, cartons les actes du sacrifice sont rigoureusement individuels, et les détails du rite rappellent à dessein le lien d’identité qui unit l’individu, le mâle au sacrifice. « Le sacrifice, c’est l’homme. Le sacrifice est l’homme, car c’est l’homme qui l’offre ; et chaque fois qu’il est offert, le sacrifice a la taille de l’homme. Ainsi, le sacrifice est l’homme[7].  » Et la fan-

  1. V. sup., p. 15.
  2. Çat. 14, 2, 2, 4 : yajño vai yajamānaḥ.
  3. Çat. 9, 5, 2, 16 : ātmā vai yajñasya yajamāno ’ngāny ṛtvijaḥ. — Cf. Ait. 9, 8, 5 : ṛtviji hi sarvo yajñaḥ pratiṣṭhito yajñe yajamānaḥ.
  4. Çat. 14, 3, 2, 1 : sarvesām vā eṣa ḃhūtānāṃ, sarveṣāṃ devānām ātmā yad yajñaḥ.
  5. Çat. 3, 6, 2, 26 : yad idaṃ kiṃ caivam u tat sarvam yajña ābhaktam.
  6. Çat. 3, 1, 3, 25 : parokṣaṃ vai devāḥ parokṣaṃ yajñaḥ.
  7. Çat. 1, 3, 2, 1 : puruṣo vai yajñaḥ. puruṣas tena yajño yad enaṃ puruṣas tanuta eṣa vai tāyamāno yāvān eva puruṣas tāvān vidhīyate tasmāt puruṣo yajñaḥ. — id. ib. 3, 5, 3, 1. — et cf. ib. 10, 2, 1, 2 : puruṣo vai yajñas tenedaṃ