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LA VALLÉE DU NÉPAL

comme la célèbre Vaiçâlî au temps du Bouddha ; douze nobles (Thâkuris) y exerçaient l’autorité à titre de râjas. Ratna Malla s’empara de la ville à la fin du xve siècle, grâce au pouvoir magique d’une formule qu’il avait déloyalement apprise de son père et surtout grâce à une perfidie sans scrupules ; il gagna le principal fonctionnaire (« Kâjî », cadi) des Thâkurîs, les fit empoisonner au cours d’un banquet, assassina son complice et se proclama roi. Il fonda la dynastie Malla de Katmandou, qui dura jusqu’à la conquête Gourkha. Un siècle après Ratna Malla, sous le règne de Lakṣmî Narasiṃha Malla, un édifice miraculeux s’éleva dans la capitale : un simple particulier avait reconnu, dans la foule qui suivait la procession de Matsyendra Nâtha, l’Arbre-aux-Souhaits (Kalpavṛkṣa) en personne venu comme un vulgaire badaud pour admirer le spectacle ; il bondit sur le visiteur divin, le maintint prisonnier et réclama comme rançon une faveur singulière ; son ambition était de bâtir avec un seul arbre un abri pour les religieux errants. L’Arbre-aux-Souhaits donna sa parole et la tint ; avec le bois d’un seul arbre on put construire un édifice spacieux, qui subsiste encore aujourd’hui et reste affecté à son usage primitif ; il est voisin des temples élégants qui font vis-à-vis au Darbar, le long d’une rue pavée qui mène à la Bitsnumati. La célébrité légitime de ce hangar miraculeux valut à la ville un changement de nom ; on l’appela dès lors Kâṣṭha-Maṇḍapa (Halle-de-bois) en sanscrit, en langue vulgaire Kâthmaṇḍo, d’où les Européens ont tiré Cadmendu (Grueber), Katmandù (Georgi) Khâtmândù (Kirkpatrick), Kathmandu (Hamilton), etc. En dehors des langues indiennes, la ville est désignée sous des noms tout différents. Les Névars l’appellent Yin(-daise), d’après Kirkpatrick ; Tinya, d’après Bhagvanlal[1] ; les Tibétains, d’après

  1. Ind. Ant. IX, 171, n. 29.