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LE NÉPAL

soit une densité de 700 habitants par kilomètre carré, dans une région sans industrie. Une moitié de la population vit rassemblée dans les villes et les bourgs ; l’autre moitié est dispersée dans d’innombrables hameaux, qu’il serait fastidieux et vain de prétendre énumérer.

La ville principale du Népal est Katmandou, séjour du gouvernement et capitale du royaume. Katmandou n’est pas la plus ancienne des villes du Népal ; sans parler des capitales antérieures qui ont disparu, Patan dépasse en antiquité sa rivale triomphante. La tradition fixe la fondation de Katmandou en l’an 3824 écoulé du Kali-yuga = 724 J.-C.) ; et cette date semble plausible. Un jour, à en croire la chronique, comme le roi Guṇakâma jeûnait en l’honneur de Mahâ-Lakṣmî, la déesse lui apparut en songe, et lui prescrivit de bâtir une ville au confluent de la Viṣṇumatî et de la Vâgmatî, sur un emplacement qu’avait consacré déjà la présence de nombreuses divinités. La ville devait avoir la forme recourbée du « khaḍga », le cimeterre que la sanguinaire Devî brandit dans une de ses multiples mains contre ses ennemis terrifiés[1] ; elle contiendrait 18 000 maisons, et tous les jours il devait s’y traiter un chiffre d’affaires de 100 000 roupies ! La nouvelle cité reçut d’abord le nom de Kânti-pura « Ville de Grâce[2] ». Elle eut à souffrir de la longue période d’anarchie féodale que le Népal traversa durant le moyen âge, et forma pendant plusieurs siècles une sorte de fédération oligarchique,

    moyenne de 10 personnes par maison ou famille. L’évaluation officielle du siècle dernier paraît donc bien se rapprocher de la vérité.

  1. Les Bouddhistes prétendent que le cimeterre proposé comme modèle au roi était celui de Mañjuçri.
  2. La Bṛhat-Saṃhitâ de Varâha-Mihira mentionne une ville du même nom, mais située dans le Dekkhan, car elle paraît dans la même énumération que Koṅkaṇa, Kuntala, Kerala, Daṇḍaka (XVI, 11). — Le Kârtikamâhâtmya du Padmapurâṇa cite également une ville de Kântipura ; Aufrecht (Ox. Mss. 16b) substitue par correction Kâñci-pura « Conjeveram ».