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INTRODUCTION


fondateurs des deux grandes doctrines schismatiques, le Bouddha et le Jina, étaient venus mourir. Ils disparaissent ensuite de l’histoire, absorbés dans l’empire du Magadha ou refoulés dans les montagnes. Ils paraissent au Népal dans le premier des monuments épigraphiques du pays ; leur nom se retrouve ensuite dans d’autres inscriptions des Liččhavis. Établis en dehors et à l’Ouest de la vallée, ils refusent de reconnaître l’autorité de la dynastie népalaise et semblent même lui imposer parfois une sorte de tribut.

Maîtres du Népal à leur tour, les Mallas y transportent une sorte de fédération féodale qui rappelle la constitution des anciens Mallas. À la fin du XIe siècle (1097 J.-C), une secousse soudaine annonce à la petite vallée l’ébranlement de l’Inde voisine et présage les révolutions futures ; à la faveur du désordre, qu’ont provoqué de l’Indus au Gange les invasions musulmanes, un Hindou authentique et orthodoxe, natif du Dekkhan, entre à main armée au Népal et occupe le trône qu’il lègue à ses descendants. Mais la conquête est prématurée ; la nouvelle dynastie ne règne que de nom. L’anarchie est au comble ; chaque bourgade a son seigneur, qui tranche du monarque ; les capitales ont des rois de quartier. Les rivalités de couvents s’ajoutent aux rivalités des partis. Un prince des montagnes, soutenu par la faction brahmanique, croit l’heure venue ; devancier des Gourkhas, il s’élance de Palpa sur le Népal, s’en empare, mais se reconnaît trop faible pour le conserver, et se retire précipitamment. Malgré leurs échecs successifs, ces essais répétés attestent l’ascendant continu de l’influence brahmanique.

En 1324, une troisième tentative réussit et installe une dynastie brahmanique au Népal ; le vainqueur Hari Siṃha Deva, victime des musulmans qui l’ont chassé du Tirhout, cherche dans la montagne un refuge et une compensation. Il amène avec lui une académie de juristes brahmaniques