évitent désormais de rompre ouvertement avec leurs voisins trop puissants, les Chinois au Nord, les Anglais au Sud ; ils comptent sur la diplomatie et la ruse pour compenser l’infériorité de leurs forces, et rêvent d’opposer la Chine à l’Angleterre pour les annuler toutes deux. Fatiguée des intrigues et de la mauvaise foi des Gourkhas, l’Angleterre leur déclare la guerre en 1814 ; deux années de campagnes également honorables, également glorieuses de part et d’autre, également signalées par des revers désastreux, mènent enfin les armées britanniques, à la porte du Népal. Le traité signé à Segowlie en 1816 trace entre les deux États une frontière définitive et règle les relations du Népal avec le dehors : le Népal s’engage à ne prendre à son service aucun sujet britannique, aucun sujet d’un État européen ou américain sans le consentement du gouvernement britannique ; un représentant du gouvernement britannique doit résider à demeure auprès de la cour népalaise.
Pour arracher d’une part ces concessions, en apparence médiocres, et d’autre part pour y souscrire, Anglais et Gourkhas avaient soutenu avec la même obstination une guerre de deux ans, meurtrière et ruineuse. L’Angleterre voulait ouvrir à son commerce la voie de l’Asie centrale, que Tavernier avait entrevue ; les Gourkhas n’étaient pas moins résolus à écarter tous les étrangers. Un incident malencontreux avait éveillé de bonne heure la méfiance des Gourkhas : pendant qu’ils poursuivaient la conquête du Népal, les Anglais, appelés par les Mallas, avaient tenté une diversion militaire ; mais le climat du Téraï et les difficultés des montagnes les avaient obligés à battre en retraite. Maître du pays, Prithi Narayan s’était empressé d’en chasser les missionnaires chrétiens et les marchands hindous qui auraient pu provoquer une intervention anglaise. Cependant, en 1792, quand l’invasion chinoise