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LE ROYAUME


creuse en vallées parallèles à la chaîne ; l’altitude en varie de 700 à 800 mètres ; la malaria les ravage et les empoisonne. Des villages éphémères et des garnisons s’y installent de novembre à mars ; à la date fatale, tout fuit devant l’aoul, la fièvre meurtrière.

Passé le creux des Dhouns et des Maris, la montagne se dresse d’un bond brusque, et s’étage en gradins puissants jusqu’au rempart de glace qui ferme l’horizon. C’est, au premier coup d’œil, un chaos formidable de sommets, de plateaux, de ravins, sans unité, sans ordonnance, sans système. Le Népal n’est encore qu’une région géographique, définie par des frontières naturelles. Une observation plus attentive découvre sous cette robuste et massive ossature la charpente harmonieuse d’un organisme réel. Les innombrables cours d’eau qui semblent ruisseler à l’aventure dans ce dédale montagneux se répartissent en trois grands bassins, qui reproduisent uniformément le même type : un torrent vigoureux, né sur les hauteurs du plateau tibétain, force par l’érosion la ligne des grandes cimes, pénètre au Népal, y recueille une partie du drainage local ; arrivé au seuil des Collines de Grès, il rencontre un éventail d’affluents trop faibles pour s’ouvrir isolément un passage, les absorbe, franchit le défilé, puis le Téraï, et va s’étaler majestueusement dans les plaines en nappes fécondantes. À l’Ouest, la Karnali ou Kauriala, qui adosse ses sources aux sources de la Satledj, entre au Népal par la passe de Takla Khar ou Yari, sort des collines à Gola Ghat, rejoint sur le territoire britannique la Kali ou Sarda, prend alors le nom de Gogra, et va porter au Gange toutes les eaux qui descendent entre le Nandadevi (7 820 m.) et le Dhaulagiri (8 180 m.). Les sept branches de la Gandaki rayonnent entre le Dhaulagiri et le Gosainthan (8 050 m.) ; la Tirsuli, la plus orientale, est aussi la plus forte ; elle sort du Tibet par la passe de Kirong, et,