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INTRODUCTION

sauf une marchande d’alcool qui crut voir Asaṅga porter un petit chien, et qui dut au bénéfice de cette vision d’inépuisables richesses, et aussi un porte-faix, qui aperçut un bout de patte, ce qui lui valut l’Union mystique (samâdhi) et les forces magiques (siddhi). Maitreya lui offre alors une faveur à son choix ; il souhaite de propager le Grand Véhicule. « Prends donc le bout de ma robe », reprend le Bodhisattva et Asaṅga monte à sa suite jusqu’au ciel Tuṣita. Il y reste six mois, quinze ans, ou même cinquante ans. Là, il entend tous les textes du Grand Véhicule, et spécialement les « Cinq Enseignements de Maitreya » ; il s’élève successivement à tous les degrés de l’Union. Il revient ensuite sur la terre, doué de pouvoirs merveilleux. C’est ainsi qu’il pouvait avec tout son entourage parcourir en quelques heures un chemin qui demandait d’ordinaire un mois ; c’est ainsi encore qu’il put garder jusqu’à sa mort, à plus de quatre-vingt-dix ans, toute la fraîcheur de la jeunesse. Il s’établit d’abord dans le Magadha ; le couvent où il résidait, situé dans le bois de Pîluvana, reçut le nom de Dharmâṅkura-araṇya ; c’est là qu’il mit par écrit les Cinq traités de Maitreya, et qu’il composa la plupart de ses çastras. Plus tard il se rendit du côté de l’ouest, à Sagari, où il résida dans l’Uṣmapuravihâra ; son enseignement, et surtout les preuves qu’il donna de sa clairvoyance miraculeuse, amenèrent la conversion du roi Gambhîrapakṣa. Sur l’invitation du brahmane Vasunâga, il passa ensuite à Krṣṇarâja, dans l’Inde du Sud. Une autre fois, il alla dans l’Inde du Nord jusqu’à l’Udyâna pour répondre à l’appel du marchand Dhanarakṣita. Vers la fin de sa vie, il demeura douze ans à Nâlanda. Enfin il s’éteignit à Râjagṛha où ses disciples lui élevèrent un monument.

Pour assurer une longue durée à ses doctrines, il avait multiplié les écoles ; dans tous les pays où il avait passé, il avait eu soin de fonder vingt-cinq temples, qui abritaient des maîtres du Grand Véhicule. Mais son plus beau succès reste encore pour Târanâtha la conversion de Vasubandhu. L’épisode s’est transmis sans altération profonde. Vasubandhu est, ici aussi, le cadet d’Asaṅga. Asaṅga lui envoie deux moines qui lui récitent successivement, l’un, pendant la nuit, l’Akṣayamati nirdeça, l’autre, au lever du jour, le Daçabhûmika. Le reste : repentir, intention de se couper la langue, prescription de propager les textes, est identique aux anciens récits. C’était donc là, semble-t-il, l’élément