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INTRODUCTION

vers seuls sont attribués à Maitreya ; la prose qui commente ces vers est tenue pour un ouvrage à part, sous le titre de Sûtrâlaṃkâra-bhâṣya, attribué à Vasubandhu. La traduction tibétaine est due à Çâkyasiṃha l’Indien, assisté du Lotsava grand réviseur Dpal brcogs et autres. Je n’ai pas d’informations sur ces personnages ; mais, quelle que soit leur date, Prabhâkara mitra leur est certainement antérieur ; avant le milieu du viie siècle, le Tibet, à peine ouvert à la civilisation, n’avait ni traducteurs, ni traductions. Nous sommes donc fondés à considérer l’ouvrage entier, prose et vers, comme dû à un seul auteur, Asaṅga. Au reste, si le tibétain distingue dans l’ouvrage deux parties, texte et commentaire, avec deux auteurs différents, le Tche-yuen lou chinois (Catalogue comparé des Livres Bouddhiques compilé dans la période Tcheyuen 1264-1294) donne à l’ouvrage entier, en tant qu’œuvre du Bodhisattva Asaṅga, le titre fan (c.-à-d. sanscrit) de : Sou-tan + lo A-leng-kia-lo ti-kia, transcription de Sûtrâlaṃkâratîkâ « Commentaire du Sûtrâlaṃkâra » (Tche-yuen lou, chap. IX, in°.) ;

    kṣâsthitanâmârtha çâstra (Nj. 1315) traduit par Che-hou entre 980 et 1000]. Le cas du Mahâyânasaṃparigraha çâstra offre un intérêt tout particulier. Le premier en date des trois traducteurs chinois, Buddhaçânta, en 531, présente l’ouvrage comme une « œuvre d’A-seng-kia », dans le texte de l’édition de Corée ; mais les éditions proprement chinoises ont remplacé cette mention par « composition de Wou-tcho p’ou-sa = Asaṅga bodhisattva ». La préface qui accompagne la traduction de Paramârtha, en 563, déclare que « le çâstra original (pen loun) a été composé par A-seng-kia, maître de la loi (fa che). » Hiuan-tsang, enfin, qui donne une traduction en 648, traduit fidèlement un colophon qui dit : « Moi, A-seng-kia, j’ai fini d’expliquer brièvement le Mahâyâna-saṃparigraha çâstra dans les sûtras du Grand Véhicule de l’Abhidharma », mais il présente le texte comme « la composition de Wou-tcho p’ou-sa = Asaṅga bodhisattva ».

    Wassilieff (Notes sur Târanâtha, p. 315 sq.) a tort de dire que « les cinq textes de Maitreya manquent tous [sämmtlich] chez les Chinois ». J’ai déjà signalé la traduction chinoise du M. S. A. et celle du Madhyânta-vibhâga. La version chinoise de l’Uttaratantra a échappé jusqu’ici aux recherches, parce qu’elle ne porte pas de nom d’auteur. C’est le Mahâyânottaratantraçâstra (Nj. 1236 ; éd. Tôk. XIX, 2) des catalogues chinois, traduit par Ratnamati en 508. Restent le Dharmadharmatâ-vibhaṅga et l’Abhisamayâlaṃkâra qui n’ont pas de correspondant connu ou reconnu en chinois. À propos des œuvres d’Asaṅga conservées en chinois, j’ajoute encore que le Choun Tchong louen (Nj. 1246 ; Tôk. XIX, 2), dont le titre sanscrit est restitué par Nanjio sous la forme : Madhyântânugama çâstra, est en fait — comme le titre chinois l’exprime exactement — un commentaire sur le Madhyamakaçâstra de Nâgârjuna, interprété au point de vue de la doctrine Yogâcâra.