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INTRODUCTION

Dans d’autres cas, la gaucherie ou l’étrangeté de ragencement paraît due surtout à la néij ;ligence : XI, 70 bhàvanàyâmca nâriicih = ruciç ca.. aruciç ca ; — XI. 75, asakâyâ, comm. akâi/â.. sakâyà ; — XIII, 6, vy avasthànàvikalpena jnànena, comm. bhûmivy avasthànaj nânena avikalpena ca ; — XVII, 18 taddeçite dharme^ comm. dhàrnie yatra te deçitàh ; — XVII, 44 duhkhàjnànaniahaughe mahàndhakàre ca, comm. duhkhamahaiighe ajnânamahàndhakàre ca ; — XVIII, 26 samâd hiniukhad hâranî ffrhîtâ, comm. sarnâdhimukhair dhàrammukhaiç ca saingrhîtà. En fait de singularité, la palme revient au composé adjectif pravisrtir-atihhogî XVI, 63 commenté ^slt pravisrtir atihhogaç càsyeti ! ! Auprès de ce monstre, le mot brahmavicarya XII, lo substitué metri causa khrahmacarya est bien pâle. Enfin Asaṅga n’hésite pas à employer deux fois dharama pour dharma XIX, 69 et 70, quatre fois hetuna pour hetiinà XIX, 75-79. Il forme de Janayati, en dépit de la grammaire, Vahsohxtiï j a niy a X, 14. Tous ces manquements, chez un auteur qui manie le sanscrit avec autant de richesse et de souplesse qu Asaṅga, ne sont pas sans signification ; le sanscrit bouddhique fourmille de cas analogues, témoin entre tant d’autres le Divyâvadàna, rédigé par un styliste de génie, et constellé pourtant de solécismes et de barbarismes, si on le juge à la mesure de Pânini. En fait, le sanscrit bouddhique tendait constamment à s’émanciper des règles immuables tracées par les grammairiens pour se rapprocher du parler réel. Deux ou trois siècles après Asaṅga, la grammaire sanscrite de Candragomin marque la capitulation du bouddhisme, assujetti désormais aux lois du purisme brahmanique.

Citations. — Le titre de l’ouvrage en exprime la tendance. Asaṅga a repris, pour l’appliquer au Mahâyâna, une expression révolutionnaire consacrée par un chef-d’œuvre d’Açvaghosa^^1. Le glorieux docteur qui compte parmi les créateurs du Grand Véhicule avait osé traiter en littérateur, avec les ressources d’un art développé, les thèmes un peu frustes des vieux sûtras. Asaṅga ne craint pas d’évoquer une comparaison qui risque d’être écrasante ; créateur d’une doctrine nouvelle, il recourt pour la justi-

1. La version chinoise de cet ouvrage (l’original sanscrit est perdu) a été traduite en français par M. Éd. Huber : Açvaghoṣa, Sûtrâlaṃkâra. Paris, 1908. J’ai étudié cet ouvrage dans un mémoire du Journ. Asiat., 1908, 2, p. 57 sqq.