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INTRODUCTION

comme une allusion positive au M. S. A. et comme une preuve de sa notoriété, le passage de Vâsavadattâ où Subandhu compare son héroïne à <( bauddhasamgit’un alarp kârabhûsitâm » (éd. de la Bibl. Ind., p. 233). L’éditeur de Vâsavadattâ, F.-E. Hall, avait bien reconnu que « le mot alanikâra doit avoir ici une acception particulière » et il citait à l’appui de son sentiment un vers rapporté par le commentateur Narasimha Vaidya qui définit « alamkâra » par : « çâstra bouddhique ». En fait de castras, l’Alamkâra par excellence ne peut être que le çâstra issu du ciel Tuṣita et révélé par Maitreya. La « saṃgîti » désignerait dans ce cas une autre œuvre d’Asaṅga, Mahâyânâbhidharmasaṃgîti (çâstra) [traduite en chinois par Hiuan-tsang ; Nj., 1199 ; éd. Tôk., XVIII, 8]. L’interprétation est d’autant plus vraisemblable que Subandhu semble réduire le bouddhisme à la doctrine d’Asahga ; il compare (p. 179) l’obscurité à la « doctrine bouddhique, en tant qu’elle dénie le monde sensible » [baudd hadarçanani iva pratyakṣadravyam apahnuvânaṃ fimiram]. Le commentateur Çivarâma observe à ce propos que « les bouddhistes considèrent le monde entier comme fait de connaissance » [cittamayaṃ jagad iti et il rapporte un vers déclarant que « soleil et lune, air, étoiles, terre, fleuves, océans, montagnes, ne sont que fantaisies de la pensée ». C’est la doctrine de notre texte, la doctrine du vijnâna-mâtra.

la doctrine du Mahâyâna Sûtrâlaṃkâra

L’école Yogâcâra^^1 fondée par Asaṅga est une des deux doctrines qui enseignent le Grand Véhicule ; l’autre école est celle des Madhyamakas, qui proclament le néant universel. Si différentes que soient les deux écoles, elles ont un caractère commun qui suffit à les relier intimement et même à les fondre

1. Les Tibétains traduisent littéralement par rnal ‘hyor (= yoga) spyod pa = (car°). Les Chinois ont adopté la forme, moitié transcription, moitié traduction : yu-kia che = maître du Yoga, où le mot che répondrait à âcârya comme si le nom du système était « Yogâcârya ». Hiuan-tsang lui-même conserve cette forme, pourtant inexacte. Mais les Chinois désignent de préférence ce système sous le nom de Wei-chi, ordinairement rendu (aussi dans le Tche-yuen lou) par Vidyâ-mâtra, mais qui a pour correspondant exact le sanscrit Vijñâna-mâtra. Les Japonais désignent cette école sous le nom de Hossô (chin. fu siang) = dharma-lakṣaṇa.