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INTRODUCTION
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plan, en état d’union ; elle confond en une vision l’être et le non-être ; elle opère la révolution du fond qui tire du moi particulier le moi universel et absolu. Tout rentre alors dans le Parinirvâna.

Asaṅga étudie ensuite (XII) la prédication parfaite, son rôle, ses qualités, ses thèmes, ses procédés d’expression. Puis il revient à l’initiative (XIII) qui fait du Bodhisattva un héros. Les unions de vacuité, sans vœu et sans signe ne sont toutes trois qu’un prélude : elles mènent à la connaissance supra-mondaine, elles n’en sont pas. C’est avec la première terre seulement que cette connaissance s’ouvre ; c’est à partir de là que le Bodhisattva est au « niveau » (sâmîci) des Bodhisattvas. Il a deux obstructions à vaincre, le connaissable et la souillure. Du connaissable, il triomphe par la pratique ; de la souillure, par la souillure même. Transportée dans l’ordre de la pensée pure, la souillure perd le caractère d’une passion pour être une idée, et se neutralise dès lors. Ici encore, la tâche du Bodhisattva est de lutter contre la dualité qui n’existe pas dans la transcendance, mais qui pratiquement doit cesser d’exister.

La leçon et le conseil (XIV) définissent la carrière spirituelle du Bodhisattva après l’initiative. Le Bodhisattva prend pour thème le nom d’un sûtra auquel il s’attache, critique les mots et leurs sens, les condense dans l’idéal, et forme le souhait de comprendre. Il fait appel à l’union ; sa pensée se met alors à couler de son propre flux, avec des suropérants d’abord, puis sans eux. et elle est ramenée par la rémission subséquente à la parfaite souplesse des extases ; elle y gagne les pouvoirs magiques qui lui permettent d’aller adorer les Bouddhas et les entendre dans les mondes où il s’en trouve. À cet enseignement, le Bodhisattva gagne la souplesse parfaite de l’intellect, la rémission intégrale du corps et de la pensée, la dissolution des éléments de turbulence. Il est prêt pour la pureté ; il traverse alors la série des états de l’ordre de fixité (nirvedhabhâgîya) qui le mènent à une connaissance libérée de dualité, supra-mondaine, indifférenciée ; c’est le chemin de la vue. Sa pensée reste constamment égale ; il connaît toute la vacuité, celle de non-existence, celle de quiddité, celle de nature, et sort ainsi des signes, puis du vœu, gagne les « ailes d’illumination » et arrive à la « grande vue du moi » où le moi et autrui se posent identiques. Il ne lui faut plus que réaliser sa connaissance par la pratique, traverser l’« union de