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CHAPITRE IV

18. Une autre est comme le son harmonieux des Gandharvas ; une autre ressemble à un roi, ou encore à un grenier ; une autre encore, à une grande route.

19. Une autre, à un véhicule ; une autre Production de Pensée est pareille à un Gandharva[1] ; ou encore, à un bruit de joie ; ou bien au courant d’un grand fleuve.

20. Une autre Production de Pensée, chez les fils des Vainqueurs, est comparée au nuage. Il faut donc produire joyeusement une Pensée si riche de vertus.

La première Production de Pensée chez les Bodhisattvas est comparée à la terre parce qu’elle est la base sur laquelle doivent pousser tous les Idéaux des Bouddhas et les Provisions afférentes. Accompagnée par la Tendance, la Production de Pensée est pareille à de l’or honnête, parce que la Tendance au salut et au bonheur n’y est pas susceptible d’altération. Accompagnée par l’emploi, elle est comparable à la lune nouvelle de la quinzaine blanche, parce que les Idéaux de Bien y vont en croissant. Accompagnée par l’Archi-Tendance, elle est pareille au feu, parce qu’elle a de plus en plus un Acquis tout particulier, comme un feu qui a un amas tout particulier de combustible. L’Archi-Tendance, c’est la Tendance à un acquis tout particulier. Accompagnée par la Perfection du Don, elle est comparable à un grand dépôt, parce qu’elle rassasie, sans s’épuiser elle-même, d’innombrables êtres en leur fournissant des Amorces[2]. Accompagnée par la Perfection de Morale, elle est comparable à une mine de joyaux, parce que tous les joyaux des vertus en naissent. Accom-

  1. Gandharva. La lecture n’est pas douteuse, et le même mot reparaît dans le commentaire. Le chinois le traduit ts’iuen « source », et ce sens convient bien à l’explication donnée plus bas dans le commentaire : « comme un gandharva contient et répand l’eau sans s’épuiser ». Le tibétain traduit bkod ma ; ce mot manque aux dictionnaires. D’après une obligeante communication du Dr  Palmyr Cordier, bkod ma’i lan cha correspond dans la traduction de l’Aṣṭâṅgahṛdaya au sanscrit audbhida « sulfate de soude efflorescent ». Lan-cha signifie « le sel ». Ainsi bkod ma correspond ici à udbhid « sourdre, source », le même mot qui paraît dans la glose udbhedasâdharmyeṇa. Il faut donc admettre ce sens pour le mot gandharva.

    Au lieu de vetasagaprabhavaḥ, lire cetasaprahhavah, d’après le tib. sems bskyed bkod ma’dra ba yin.

  2. Âmiṣa, au sens propre « la viande », désigne aussi, et particulièrement dans le bouddhisme « les jouissances matérielles ». Tib. zan zin.