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JUILLET-SEPTEMBRE 1923.

lateur reprend à son compte (I, 2, 15) : «On cite cet adage : c’est commettre un péché avec les pieds que d’aller au Kalinga ; pour s’en racheter, les saints prescrivent une libation vaisvânara (atrâpy udâharanti

padbhyâm sa kurute pâpatn y ah Kalihgân prapadyate rsayo niskrtim tasya prâhur vaisvânaram havih.)

Et les compilations juridiques des derniers siècles continuent à enregistrer, comme un écho de cette réprobation, un autre vers traditionnel : «Si on va en Anga, Vanga, Kalinga, Saurâstra, Magadha sans que ce soit pour un pèlerinage, il faut recevoir un nouveau sacrement» :

Anga VangaKalihgesu Saurâstre Magadhem ca Urthayâtrâm vinâ gacchan punah samskâram arhati

(cité par R. P. Chanda, Sir Asutosh-Volumes , III, 1, 107).

Le MahâBhârata marque à l’égard du Kalinga un flottement curieux au cours du même chant, à quelques vers d’intervalle : VIII, lh, 2066, les Kalinga sont énumérés parmi les tribus où l’ordre est mauvais (dwrdharma), pêle-mêle avec les Kàraskara, les Mâhisaka, les Kerala, les Karkotaka, les Vïraka ; mais VIII, 45, 20 84, ils sont comptés parmi les peuples qui connaissent l’ordre éternel (dharmam jànanti éâsvatam) en compagnie de nations qui sont l’élite du brahmanisme, Kuru, Pancâla, bâlva, Matsya, Naimisa, etc. Ce changement d’attitude tient sans doute à l’importance prise par le Kalinga du jour où la civilisation indienne se répandit autour du golfe du Bengale. On sait que la conquête du Kalinga, payée par des flots de sang, provoqua la crise morale d’où l’empereur Asoka sortit transformé. Après lui, sous Khâravela, le Kalinga est le centre d’un empire puissant dont le chef s’attribue le titre de cakravartin. Le bouddhisme avait un de ses lieux saints au Kalinga ; c’était la capitale du pays, Dantapura, la ville de la dent d’où